samedi 21 avril 2018

Religion — baisse de la fréquentation de la messe sous le pape François, stabilité chez les protestants

De 2014 à 2017, en moyenne 39 % des catholiques états-uniens ont déclaré avoir fréquenté l’église au cours des sept derniers jours.

Il s’agit d’une baisse par rapport à une fréquentation moyenne de 45 % de 2005 à 2008 et de 75 % en 1955.

En revanche, les 45 % de protestants américains qui ont déclaré une présence à l’église chaque semaine de 2014 à 2017 sont essentiellement les mêmes que ceux d’il y a dix ans. Ils épousent en grande partie la tendance à long terme pour ces dénominations religieuses.

Au milieu des années 2000, le nombre de fidèles catholiques hebdomadaires s’était stabilisé à 45 % après avoir chuté de manière considérable à partir du Concile Vatican II (1962-1965) et de ses conséquences tumultueuses. Voir à ce sujet l’excellent livre de Guillaume Cuchet.


La première grande chute de la fréquentation de la messe (dans l’histoire récente) de la part des catholiques a eu lieu de 1950 à 1970 quand le pourcentage des catholiques qui déclaraient avoir assisté à la messe cours des sept derniers jours a chuté de plus de 20 points de pourcentage. Cette fréquentation a ensuite diminué en moyenne de quatre points par décennie jusqu’au milieu des années 1990 avant de se stabiliser jusqu’au milieu des années 2000. Depuis lors, la tendance à la baisse a repris, le pourcentage de « messalisants » ayant chuté de six points au cours de la dernière décennie.

Gallup ne fournit pas un décompte exact d’une année à l’autre, par conséquent, la période 2005-2008 sélectionnée pour l’enquête (46 % de messalisants) correspond aux quatre premières années de la papauté de Benoît et la période 2014-2017 (39 % de messalisants) coïncide au début du pontificat de François (le pape François est devenu pape en 2013). L’Office central des statistiques du Vatican a publié un rapport l’année dernière dans lequel il a constaté que les vocations au sacerdoce ont poursuivi leur tendance à la baisse depuis 2012. Le déclin s’est accéléré sous le pontificat du pape François. Le nombre total de séminaristes dans le monde a chuté de 118 251 en 2013 à 116 843 en 2015.

Cette analyse est basée sur plusieurs enquêtes Gallup menées vers le milieu de chaque décennie des années 1950 à nos jours. Les données pour chaque période fournissent une taille d’échantillon suffisante pour examiner la fréquentation des églises chez les protestants et les catholiques, les deux plus grands groupes religieux du pays, ainsi que les tendances selon l’âge au sein de ces groupes. La taille des échantillons n’est pas suffisante pour permettre l’analyse de dénominations protestantes spécifiques ou de religions non chrétiennes.

plus de la moitié des catholiques les plus âgés ne vont désormais plus à la messe hebdomadaire

En 1955, les catholiques pratiquants de tous les groupes d’âge ont largement respecté l’obligation de masse hebdomadaire de leur foi. À cette époque, environ trois catholiques sur quatre, quel que soit leur âge, ont déclaré avoir été à l’église la semaine d’avant. Cette fréquentation a brusquement chuté dans les années 1960, alors que les jeunes catholiques sont devenus de moins en moins susceptibles d’y assister. La baisse s’est accélérée au cours des années 1970 et s’est poursuivie à un rythme plus lent depuis lors.


Pendant ce temps, depuis 1955, il y a eu aussi un déclin lent, mais régulier de la fréquentation régulière des églises chez les catholiques plus âgés. Cela inclut des déclins de 10 points ou plus au cours de la dernière décennie parmi les catholiques âgés de 50 ans et plus, menant à la situation actuelle où plus de 49 % des catholiques dans toutes les catégories d’âge déclarent aller à l’église la semaine dernière.

La seule augmentation de la fréquentation hebdomadaire à la messe est venue des catholiques américains âgés de 30 à 39 ans, qui ont augmenté de trois points de pourcentage, passant de 40 à 43 %. Le groupe des jeunes adultes âgés de 21 à 29 ans a connu une légère hausse de la fréquentation hebdomadaire de Benoît XVI de 2005 à 2008, à 29 %. Mais cela a ensuite chuté sous le pape François entre 2014-17 à 25 %. Le taux actuel de fréquentation hebdomadaire des églises chez les protestants et les catholiques est similaire à la plupart des groupes d’âge, selon l’enquête, à l’exception de ce groupe démographique de 21 à 29 ans. Les protestants du segment des jeunes adultes sont plus susceptibles que les jeunes adultes catholiques (25 %) de dire qu’ils ont fréquenté l’église au cours des sept derniers jours (36 %). Cette baisse de la fréquentation de masse chez les jeunes adultes catholiques et la disparité entre leur taux de fréquentation et celui de leurs homologues protestants vient alors que François est en train de convoquer un synode de la jeunesse.

Pour maintenir la cohérence avec les sondages Gallup antérieurs lorsque la population de l’échantillon était âgée de 21 ans et plus, cette analyse définit le groupe d’âge le plus jeune comme les personnes de 21 à 29 ans plutôt que la tranche d’âge de 18 à 29 ans.

La fréquentation hebdomadaire du temple se maintient chez les protestants de tous âges

La fréquentation des temples protestants américains n’était pas aussi élevée que celle des églises catholiques dans les années 1950 — mais elle n’a pas diminué avec le temps. La fréquentation des églises protestantes a diminué dans les années 1960 et 1970 chez les 21 à 29 ans, mais elle a depuis rebondi. Parmi les personnes de 60 ans et plus, la fréquentation hebdomadaire a augmenté de huit points depuis les années 1950.

Actuellement, le taux de fréquentation hebdomadaire des églises chez les protestants et les catholiques est similaire pour la plupart des tranches d’âge.

Les protestants (36 %) sont plus susceptibles que les catholiques (25 %) de dire qu’ils y ont participé à un culte religieux au cours des sept derniers jours.


L’immigration diminue la part des protestants

Bien que le taux auquel les protestants vont à l’église ait tenu bon au cours des six dernières décennies, le pourcentage d’Américains se disant protestants a fortement diminué, passant de 71 % en 1955 à 47 % au milieu de 2010. Si en 1955, 89 % des Américains étaient blancs, ils n’étaient plus que 64 % en 2019 à se dire blancs non hispaniques (ce chiffre est de 61 % en 2016).

Depuis 1999, la définition des protestants par Gallup inclut ceux qui utilisent le terme générique « Chrétien » ainsi que ceux qui se disent protestants ou qui nomment une foi protestante spécifique.

En revanche, alors que l’Église catholique a connu une baisse de fréquentation aux États — Unis, le pourcentage global de catholiques s’est maintenu assez régulièrement — en très grande partie à cause de la croissance de la population hispanique américaine.

Vingt-deux pour cent des adultes américains s’identifient aujourd’hui comme catholiques alors qu’ils étaient 24 % en 1955.

Signe troublant pour ces deux confessions religieuses : les jeunes adultes, en particulier ceux âgés de 21 à 29 ans, sont moins susceptibles que les adultes plus âgés de s’identifier comme protestants ou catholiques. C’est en partie parce que plus de jeunes s’identifient comme « autres » ou avec d’autres religions non chrétiennes, mais surtout en raison de la grande proportion — 33 % — qui se dit « sans religion ».

Bilan

Il est révélateur de noter que la fréquentation hebdomadaire de la messe baisse alors que la fréquentation au culte protestant est restée globalement stable. Cet affaissement suggère que cette chute s’explique par des problèmes confessionnels propres aux catholiques plutôt que des changements sociétaux plus larges qui toucheraient toutes les confessions. Il serait probablement injuste d’attribuer tout le déclin de la fréquentation de la messe catholique au seul effet François, bien que l’on sache que plus une église est progressiste moins elle semble attirer de fidèles (il est plus facile de regarder la télévision et sa religiosité progressiste faite d’écologisme, de droit-de-l’hommiste, de féminisme exacerbé et d’immigration illimitée).


Source : Gallup

Pas de prière chrétienne dans ce manuel ECR,
mais bien une à un esprit amérindien
créateur et protecteur de la Terre

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